Dans le secteur du logement social, des hommes et des femmes imaginent des initiatives et des modèles innovants à fort impact économique, sociétal et environnemental. Au fil de son histoire, le logement social n’a pas cessé d’évoluer. C’est un important secteur d’innovation sociale. Aujourd’hui encore des architectes œuvrent pour créer des logements sociaux adaptés aux défis actuels. Plusieurs lieux semblables à Fuggerei ont vu le jour en Europe. Parmi les projets les plus innovants en termes de logement social, on peut citer : la cité radieuse , le familistère, le Saltaire, le projet Habitsol et Eden bio .

Logements sociaux et innovation en Europe

La cité radieuse a été construite à Marseille, après la guerre, en 1952. Le Corbusier a souhaité construire un bâtiment qui favoriserait les interactions humaines. Elle comportait 360 appartements. La cité radieuse disposait entre autres de sa propre pâtisserie, de son restaurant gastronomique, son hôtel, sa crèche et sa librairie.  Pour privilégier le confort de ses habitants, le bâtiment avait aussi un toit terrasse avec la cour de récréation de l’école maternelle, un centre d’art contemporain, une piste d’athlétisme, une piscine pour enfants et un auditorium. Les habitants étaient issus de familles modestes ainsi que de familles américaines. Vers 1966, le nombre d’occupants a commencé à décliner. Aujourd’hui, la cité radieuse est un site touristique populaire de Marseille.

Toit-terrase de la cité radieuse

Le familistère, quant à lui, a été construit par Godin pour loger ses ouvriers. Godin a quitté l’école à 11 ans avant d’ensuite créer en 1840, un atelier de fabrication de poêles en fonte. « Familistère » est le nom donné par Godin aux bâtiments d’habitation qu’il fait construire pour ses ouvriers et leurs familles, à partir de 1858 et jusqu’en 1883. Parmi les différents bâtiments, on compte une nourricerie, un palais social, des écoles, un théâtre, une buanderie, des bains et une piscine située près de l’usine sur une rive de l’Oise. L’ensemble de ces bâtiments permettaient aux résidents du familistère d’être indépendants. Chaque appartement a été construit à l’identique. Le familistère, dispose aussi de son propre jardin. Aujourd’hui les lieux ne sont plus habités et peuvent être visités.

Le village victorien de Saltaire en Angleterre dans l’Ouest du Yorkshire, a été construit dans le but d’héberger des travailleurs d’une usine textile. Il s’agit d’un projet similaire à celui de Godin. Saltaire a été construit en 1851, par Sir Titus Salt. Il a regroupé ses cinq en usines, en une. Le village a été construit autour du complexe et nommé Saltaire en l’honneur de son fondateur. Les travailleurs étaient logés dans des cottages en pierre.  Le village comptait aussi sa propre école, son parc, son église et son hôpital.  En 2001, il a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Saltaire, le village victorien

Parmi les projets les plus récents, on peut citer : Eden Bio, et le projet Habitsol. Eden Bio est un îlot écologique de logements et d’ateliers d’artiste conçu par Edouard François. A Paris, cet architecte est l’auteur de projets singuliers tel que la Tower Flower. L’immeuble accueille 99 logements sociaux et 12 ateliers d’artistes. Il a été construit avec des matériaux écologiques : bois, briques, zinc et verdure. Enfin, la nature habite les recoins de cette composition végétale. Deux serres horticoles ont été construites : abritant des vignes, elles font également fonction de boite aux lettres et de garages à vélo. Au Luxembourg, l’association Cohabit’AGE a imaginé un projet alternatif d’habitat, Habitsol. Pour ce faire, l’association est devenue propriétaire de biens qu’elle réhabilite en tenant compte des normes environnementales en matière d’isolation et d’économie d’énergie et en y intégrant les nouvelles technologies. Les logements offerts comprennent deux pièces, ils sont équipés et meublés, les prix sont compris entre 350 et 500 € pour les plus jeunes. Pour les plus âgés, ils peuvent atteindre 800 €. Le logement compte de nombreux espaces communs : buanderie, ludothèque, salle informatique et éventuellement jardin potager.

L’histoire de quelques résidents

Dans d’autres régions du monde, les associations et entreprises œuvrent aussi pour imaginer les logements sociaux de demain.

 Au Canada, un programme des services publics a permis à une famille de quitter son logement social pour devenir propriétaire de sa propre maison. La famille Lebrun, paye 600 dollars par mois, pour le prêt immobilier de sa maison au lieu de 1100 ou 1200 dollars. La famille Lebrun a été la première famille à être aidée à quitter un logement social pour rejoindre une maison grâce à un programme innovant de Sault. Les services sociaux du district Ste Marie, ont recherché des maisons à loyer modéré et qui nécessitent des rénovations. Le programme a été mis en place par Luke Dufour un conseiller municipal. Il a expliqué que depuis 2018 pendant sa campagne, il a rencontré des familles qui vivaient dans des logements sociaux depuis plusieurs générations. Ces rencontres ont poussé le conseiller à imaginer ce projet.

La maison de la famille Lebrun

L’Australie est aussi connue pour ses avancées en matière d’innovation sociale, l’un de ses projets Evolve Housing a permis d’offrir un toit à plusieurs jeunes en difficultés. Evolve Housing est une association a but non lucratif, qui fournit des logements, elle est basée à Sydney. C’est une des associations les plus innovantes d’Australie en termes de logement. Elle cible les personnes ayant de faibles revenus. Parmi, les témoignages de ses différents habitants, on compte ceux de Betty, de Masi, de Roma et d’Andy.

Betty et Roma étaient toutes d’eux sans-abris avant d’avoir l’opportunité d’intégrer Evolve Housing. Betty est devenue sans domicile fixe a seulement 16 ans, après avoir arrêté ses études secondaires. Elle a alors commencé à loger dans des refuges. A 18 ans, elle a finalement décidé de reprendre ses études. C’est de cette façon qu’elle a pu prendre contact avec EHY (Evolve Housing for Youth), et recevoir leur aide. Grâce à ce logement permanent, Betty a pu se concentrer sur ses études. Elle a depuis trouvé un travail et également impliquée dans le programme d’aide aux sans-abris de Sydney. Roma est arrivée en Australie à 16 ans, sans aucun soutien familial ou financier. Après 7 mois de vie dans la rue, elle a pris contact avec EHY. La sécurité de son logement, lui a permis de continuer ses études et même d’avoir un travail à mi-temps. Les deux jeunes femmes ont pu commencer à construire une nouvelle vie, grâce à la stabilité et à la sécurité apportées par Evolve Housing.

Masi a fui, à seulement 14 ans, la guerre qui faisait rage en Afghanistan. Il a dû laisser sa famille derrière lui. Son trajet en bateau jusqu’en Australie a failli lui coûter la vie.  Il a expérimenté la détention et la torture en Indonésie, avant de finalement obtenir à 17 ans l’autorisation de résider en Australie. Grâce au soutien d’Evolve Housing et d’organisations, Masi est aujourd’hui devenu coach, il représente aussi sa discipline : le football dans divers événements. Avec l’aide EHY, il a trouvé de la stabilité et a pu construire sa vie.

Andy, atteint d’une maladie rare, a quant à lui pu vivre indépendamment pour la première fois de toute sa vie. Sa maladie, la maladie de Morquio, est à l’origine de plusieurs difficultés physiques qui rendent les tâches quotidiennes difficiles. A cause de son état de santé, il doit se déplacer en fauteuil roulant. Parmi les difficultés qu’Andy a affronté, il y avait celle des logements qui ne sont pas adaptés. Il dispose maintenant de son propre appartement aménagé. Cette indépendance lui a permis de prendre plus de confiance en lui. Son installation à EHY, lui a montré tout ce qu’il pouvait accomplir seul, sans l’aide de sa famille.

Les projets de logements sociaux, prouvent l’importance d’assurer un logement stable et permanent aux plus démunis. Les résidents, peuvent grâce à cette sécurité que leur apporte leur nouveau toit construire leur vie. Ces projets facilitent leur insertion sociale.