Il ne fait absolument aucun doute que le secteur du logement social belge a été confronté en 2020 à des défis que nous n’aurions jamais imaginé auparavant. En effet, le Covid-19 et les différents confinements, ont souligné l’importance que prennent nos habitations dans nos vies, et pourquoi l’investissement dans le secteur est essentiel pour la reprise sociale et économique.
La pandémie a montré à quel point il est vital que les gens aient accès à un logement de bonne qualité, abordable, chauffé et économe en énergie. Ses effets financiers auront laissé de nombreuses personnes dans un besoin désespéré de logement.
Elle a également mis en lumière la valeur des associations et des coopératives dans le secteur du logement et leur impact plus large, qui va bien au-delà de la seule fourniture de logements abordables. Ils ont joué le rôle d’ancrage communautaire, en agissant auprès des personnes les plus vulnérables en Belgique, en leur fournissant de la nourriture et des médicaments, en leur donnant accès aux technologies et à internet pour qu’elles restent connectées, et en en promouvant le bien-être et en constituant des fonds d’urgence.
L’impact des associations et des coopératives dans le secteur du logement sur la vie des gens n’est bien sûr pas propre à la Belgique, il est reproduit dans toute l’Europe. Le secteur européen du logement social peut apporter le soutien économique et social dont notre pays et notre population ont aujourd’hui si désespérément besoin.
Alors que près de 90% des cas de Covid-19 signalés sont situés dans les zones urbaines et qu’il existe un lien étroit entre la pauvreté et le taux d’incidence, il est urgent d’examiner d’un œil critique les fractures dans nos villes et nos communautés.
Comme l’a noté l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à un logement convenable, l’accès à un logement est aujourd’hui, plus que jamais, une question de vie ou de mort. Le logement est l’un des facteurs clés qui influencent l’état de santé d’une personne et sa vulnérabilité face au Covid-19. Il est également presque impossible de se protéger et de protéger les autres du virus en l’absence d’un lieu de vie stable et sûr. Environ 1,8 milliard de personnes à travers le monde vivent dans des situations de sans-abrisme ou dans des logements « manifestement inadéquats ». Pour ceux qui vivent dans de telles conditions, le risque d’être infecté est plus élevé, puisque ces personnes n’ont d’autre choix que de vivre ou de travailler à proximité d’autres personnes, de partager des espaces déjà surpeuplés, y compris les installations sanitaires.
Les personnes qui vivent et travaillent dans de telles situations appartiennent déjà à certains des groupes les plus marginalisés de nos sociétés, et sont souvent confrontées aux discriminations. Il s’agit notamment des personnes LGBTI+, des enfants vivant dans la rue, des personnes âgées, des autochtones, des réfugiés et des migrants, des personnes victimes de discrimination fondée sur le genre, les origines et le travail, des personnes handicapées, ainsi que des femmes et des filles au sein de ces groupes.
Dès les premiers jours de la pandémie, les militants et les experts ont souligné l’importance de la conformité des droits de l’homme aux mesures de réponse et de guérison de COVID-19. Dès mars 2020, le rapporteur spécial des Nations unies sur le logement convenable a exhorté les États à prendre des mesures extraordinaires pour garantir le droit au logement pour tous afin de se protéger contre la pandémie. Et pourtant, les actions des gouvernements à travers le monde en matière de droit au logement adéquat peuvent, au mieux, être décrites comme inégales et à court terme et, dans de nombreux cas, tout simplement irréfléchies.
En juin 2020, Amnesty International, dans une communication au rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à un logement convenable, a mis en lumière les actions menées par certains États en matière de logement et de sans-abrisme dans le contexte de la pandémie. Il s’agissait notamment de mesures à court terme pour trouver un toit aux personnes sans abri, de moratoires sur les expulsions, de sanctions imposées aux personnes sans abri pour non-respect des mesures de confinement , ainsi que des expulsions forcées. Très peu de choses ont changé même après le rapport d’Amnesty International.
Il est incontestable que sans un lieu de vie adéquat, il est presque impossible de mettre en pratique l’une ou l’autre des mesures de protection contre le COVID-19 réclamées par les gouvernements et les experts en santé publique. Pour les personnes en situation d’exclusion liée au logement, COVID-19 représentent une menace grave et immédiate pour leur santé et pour leur vie. Malgré quelques mesures temporaires prises par certains gouvernements pour protéger les personnes expulsées de leur logement, celles-ci restent dans une situation de précarité, aussi bien dans le présent qu’à l’avenir.