Les fonds durables ont connu une croissance rapide ces dernières années, dans un contexte de sensibilisation accrue à l’environnement et vu la mise en avant des questions sociales par la pandémie actuelle. Cependant, il n’existe pas de définition standard du secteur de l’investissement durable.
Le terme « durabilité » est souvent galvaudé dans l’investissement et est devenu un terme « passe-partout » pour un certain nombre d’approches différentes. Dans ce domaine, on peut cependant considérer que trois éléments sont cruciaux :
- Purpose (objectif) : ce que l’investissement durable peut atteindre en termes de performances des investissements et d’influence sur le comportement des entreprises ;
- People (collaborateurs) : l’évaluation de la durabilité est souvent un jugement et ne peut être ramenée à des scores ou notations fournies par un tiers ;
- Process (processus) : réunir l’objectif et les collaborateurs pour créer un processus reproductible qui évolue et s’améliore au fil du temps.
Investir à dessein
L’investissement durable a pour objectif d’avoir un impact positif sur la société et le comportement des entreprises, tout en aidant les investisseurs à atteindre leurs objectifs d’investissement. Il s’agit de choisir d’allouer le capital investi à des entreprises déjà gérées de manière durable, en transition ou en voie d’amélioration de leur profil de durabilité.
On croit communément, à tort, que les investisseurs doivent compromettre leurs aspirations en matière de risque et de rendement afin d’obtenir un impact positif. Ce n’est pas le cas : la durabilité est un élément essentiel plutôt qu’un compromis.
L’investissement durable établit des normes minimales de comportement pour une entreprise faisant l’objet d’un investissement. Si une entreprise s’engage dans des activités ou comportements qui causent de graves préjudices à la société, aucune valorisation, même attractive, ne peut compenser cet impact négatif. Mais fixer de telles limites n’est pas préjudiciable aux performances des investissements.
Performance et durabilité
En tant qu’investisseurs, il faut chercher des modèles économiques durables. Il faut investir sur le long terme en cherchant à évaluer les perspectives futures des entreprises. Peuvent-elles développer leur activité ? Peuvent-elles améliorer leurs marges bénéficiaires ? Sont-elles sous la menace d’amendes réglementaires, ou en retard par rapport à leurs concurrents ?
Par exemple, si une entreprise ne tient pas suffisamment compte de son impact sur l’environnement, elle risque d’être sanctionnée par les régulateurs et de voir ternir sa réputation auprès de ses clients. Si elle sous-paye ses employés, elle pourrait avoir des problèmes de fidélisation du personnel, et ses marges bénéficiaires pourraient diminuer à l’avenir en cas de nécessité de relever les salaires. En revanche, les entreprises qui tiennent compte de leur impact sur les parties prenantes – comme les employés ou l’environnement – sont mieux placées pour éviter ces risques.
Analyse humaine
L’évaluation des risques et des opportunités en matière de durabilité relève souvent du jugement.
L’investissement durable signifie avoir un impact positif sur la société et le comportement des entreprises. On peut distinguer trois catégories d’impact des sociétés :
- ce qu’une entreprise fait, en termes de produits ou services qu’elle fournit ;
- les coûts ou avantages que l’entreprise impose à la société (ce qui peut ne pas être immédiatement évident).
- la manière dont l’entreprise se comporte vis-à-vis de ses employés, de ses fournisseurs et d’autres parties prenantes.
Poser des questions sur des sujets de durabilité aide à mieux comprendre une entreprise. Plutôt que de traiter uniquement avec l’équipe de direction d’une entreprise, le dialogue sur les questions de durabilité au sein de l’entreprise permet souvent de se faire une idée plus claire de l’aspect opérationnel d’une entreprise.
L’Europe en tant que région est plus avancée que la plupart des pays en matière de rapports sur le développement durable. Mais il est alors d’autant plus crucial de vérifier si une entreprise considère la durabilité comme un exercice de « case à cocher », ou si elle est réellement intégrée à l’entreprise.
Au lieu de s’appuyer sur des outils flous tels que les scores fournis par des tiers, les conversations avec les entreprises permettent de se faire une idée nuancée et prospective.